Il s’appuie entre autres sur la réflexion de penseurs tels que Spinoza, Nietzche et Bergson qui ont mis la joie au cœur même de leur pensée. Il explique quelques attitudes très simples pour retrouver de la joie dans notre quotidien.
L’attention : « Si nous regardons un paysage en pensant aux multiples dossiers sur notre bureau, la joie ne peut pas advenir en nous, en revanche si nous regardons le même paysage en observant les couleurs, les lumières, les parfums nous pouvons ressentir de la joie ».
La présence : « L’attention nous éduque à la présence. Elle consiste à accueillir l’autre avec générosité et on transmet de la joie, en retour on éprouve cette même joie Un regard, un sourire… »
La gratitude : « Nous nous rendons malheureux car nous nous plaignons de ce nous n’avons pas mais remercions plutôt la vie, d’être en bonne santé, de rencontrer des personnes qui nous aident à grandir. J’ai appris chaque matin à dire merci à Dieu puisque c’est le nom que j’accepte de donner au mystère de la vie. »
La flexibilité, le lâcher-prise : « Nous voulons souvent tout contrôler dans notre vie et nous sommes malheureux si nous n’y arrivons pas. Ayons de la souplesse pour accepter de nager dans le sens du courant (sagesse stoïcienne) et ainsi nous nous plaçons dans une attitude d’ouverture du cœur, dans une disponibilité d’esprit propice à la joie. »
Enfin Frédéric Lenoir nous parle de la sagesse de la joie qui apporte une réponse pratique, celle d’un engagement qui n’a rien d’un sacrifice mais celui d’apporter notre petite pierre à la construction d’un monde meilleur en soutenant les plus défavorisés, en essayant de moins polluer notre terre etc. C’est le meilleur moyen qui nous invite à nous transformer nous-même.
En conclusion, Frédéric Lenoir écrit : « C’est cette sagesse de la joie, inspirée de Spinoza comme des Évangiles, en laquelle je crois, vers laquelle je tends, que j’essaye, avec toutes mes faiblesses… de vivre un peu mieux chaque jour et de transmettre avec bonheur ».
Frédéric Lenoir était l’invité d’Élise Lucet dans les Cinq dernières minutes du 13 heures de France 2 en 2015.En voici quelques extraits.
On ressent de la joie chaque fois que l’on grandit
« La joie vient de l’intérieur, elle touche notre cœur. Elle nous fait exulter, danser, chanter, rire. Elle est liée à la plénitude de la vie. …. C’est une victoire, une rencontre qui nous bouleverse, quelque chose qui nous émeut en profondeur ».
Joie passive et joie active
Frédéric Lenoir définit aussi deux types de joie : une joie passive et une joie active. « La joie passive est, dit-il, liée à une rencontre extérieure. La joie active est plus intime, c’est la joie de vivre, d’aimer la vie et sans raison. La joie de vivre est une sorte de grâce ».
Peut-on apprivoiser la joie ?
« Des attitudes permettent de favoriser l’émergence de la joie, répond Frédéric Lenoir. La joie vient beaucoup de l’effort surmonté. Elle est toujours liée à une progression. Mais ajoute-t-il, lorsque l’on vient au monde, cette joie est en nous et disparait vers six ou sept ans. Cela tient au fait que nous bouclons les canaux de la joie en mettant des « petits cailloux » que sont les émotions négatives comme la peur (de perdre, d’être rejeté, la peur des autres etc.) ».
Mais c’est toute l’histoire de la philosophie qui défile dans ses lignes :
- Spinoza, donne une très belle définition dans Éthique (Points, 2014) : « La joie est le passage d’une moindre à une plus grande perfection. » (C’est-à-dire que la joie est une croissance d’être, un accroissement de notre puissance d’exister).
- Montaigne : « Il faut étendre la joie et retrancher autant qu’on peut la tristesse ».
- Nietzche : « Le principe de la joie, c’est la puissance et tout ce qui augmente notre force vitale ».
- Bergson : « La joie annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain, qu’elle a remporté une victoire ».
C’ÉTAIT MIEUX AVANT !
Michel Serres, souvent cité dans cette revue, apporte sa caution à l’idée que « le Bien règne à peu près partout »…
Dans « Darwin, Bonaparte et le Samaritain » (2016), à l’instar de Teilhard de Chardin, il voit dans le « grand Récit » de l’histoire du monde, une avancée en trois temps, correspondant aux trois questions de base de la philosophie : d’où venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous ?
Le premier âge est dominé par la vision darwinienne de l’évolution… Il englobe toute la formation du monde à partir du Big bang…
Le second, c’est l’histoire locale, malheureusement dominée par les 10 % d’hommes qui n’ont pas d’empathie et qui entraînent derrière eux les 90% restants : ce sont les Gengis Khan, les Khmers rouges et les Hitler… Michel Serres les fait représenter par Bonaparte.
Le troisième âge, c’est celui de l’empathie… Il a commencé après Hiroshima… C’est notre âge ! Symbolisé par le Bon samaritain de l’évangile, et par … la petite Poucette et la démocratie du savoir. « Il pleut enfin du collectif ; il pleut la nouvelle histoire »…
Utopie, sans doute ! Au bon sens du terme ! Les exemples fusent de situations bien pires dans le passé que celles que nous connaissons encore malheureusement aujourd’hui… Mais nous ne connaissons pas demain ! Souhaitons que le Bon Samaritain l’emporte sur tous les Bonaparte !
Il faut lire ce livre, et sa reprise plus facile de 2017 « C’était mieux avant ! », où Michel Serres fustige les Ronchons !