L’aumônerie, présence de l’Eglise en prison

Pourquoi une aumônerie dans une prison ? (« Présence Mariste » n° 242 (janvier 2005)

On entend souvent dire que l’équipe de l’aumônerie de la prison, est l’Eglise « envoyée » à ceux qui sont incarcérés. Ainsi, il y aurait ceux qui sont missionnés par l’évêque, et représentants labellisés de l’Eglise du Christ et puis les autres, ceux qu’il faut y faire entrer ou y faire revenir.

En fait, c’est ensemble, personnes détenues et aumôniers que nous sommes l’Eglise. Les aumôniers ne sont pas appelés à faire pénétrer dans les murs une Eglise « pour » les pauvres, mais convoqués par le Christ à faire vivre en prison une Eglise constituée par des pauvres. Ces chrétiens se réclamant du Christ en prison constituent en quelque sorte la partie incarcérée de la communauté diocésaine. L’aumônerie ne se situe plus alors comme une communauté isolée, mais davantage comme un service de l’Eglise qui est en prison, signe de la diaconie de l’Eglise servante. L’aumônerie des prisons n’a pas l’exclusivité de cette charge diaconale mais cette dimension constitue le cœur de sa mission.

L’administration accorde à l’équipe d’aumônerie un statut particulier :

Présente à l’intérieur même de la détention jusque dans les cellules, elle a la chance de vivre un compagnonnage quotidien avec l’ensemble des femmes et des hommes détenus et des personnels.

Chaque jour donc, dans l’ensemble des établissements pénitentiaires des hommes et des femmes, laïcs ou religieux, prêtres ou diacres passent les grilles pour une de multiples rencontres :
 Des entretiens individuels pour accompagner, écouter, redonner confiance, vivre des échanges fraternels dans une amitié gratuite.
 Des réunions de groupe hebdomadaires pour proposer des espaces et des temps de liberté, de vérité et de solidarité autour de la bible ou de sujets proposés par les participants.
 Des célébrations pour accueillir la Parole, prier et célébrer.

Dans un univers très particulier de violence et d’humiliation, l’aumônerie crée pour ceux qui la fréquentent un espace de réconciliation possible avec soi-même, avec Dieu. Réconciliation qui passe le plus souvent par la découverte d’une amitié et d’une confiance fraternelle tant entre personnes détenues qu’avec celles qui viennent de l’extérieur. Les membres de l’équipe de l’aumônerie ne se situent pas alors dans un vis à vis de cette communauté, mais comme pleinement membres de cette partie de l’Eglise du Christ derrière les barreaux.

En prison, tous, détenus et aumôniers, sont confrontés à l’impardonnable, c’est-à-dire à l’impossible et au nécessaire, car on ne peut accumuler sans fin la rancune et la soif de vengeance. On ne peut plus continuer à entretenir l’engrenage du mal. Pour vivre ensemble, il faut casser la logique infernale de la mort. Il n’y a pas de réinsertion possible si l’on n’est pas animé par cette conviction que tout homme possède en lui les capacités de se libérer de ses limites. Les aumôniers sont des témoins actifs de cette dynamique de vie.

Envoyée dans cette mission particulière par l’évêque

Chaque équipe d’aumônerie est donc animée par quelques convictions fortes : Il n’y a pas d’homme irrécupérable, condamné au sens fort du terme. Tout homme, toute femme peut s’en sortir, si on lui donne une chance. Tout homme, toute femme peut rebondir, se remettre debout si on croit en lui et si on ne le juge pas.

Des convictions qui trouvent leur source dans un Dieu qui, par Jésus, s’est révélé par les exclus et a pris parti pour eux. S’adressant aux personnes détenues à l’occasion des JMJ de 1997, Jean-Paul disait : « …L’Eglise demeure proche de vous. Elle veut témoigner de l’espérance que le Christ nous apporte. Aucun acte ne peut vous enlever la dignité d’enfant de Dieu qui est la vôtre… »

Diacre Jean-Louis REYMONDIER
de l’équipe d’aumônerie de la maison d’arrêt de Saint-Etienne
aumônier général

Paru dans « Présence Mariste » n° 242 (janvier 2005)

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