Un mardi de juin, je demande à un groupe de lycéens :
« pour toi, l’espérance, c’est quoi ? »
- J’espère avoir mon bac professionnel.
- L’espérance ? Je m’achète une voiture, je me marie, j’achète une maison, je passe le permis moto à 21 ans et je conduis avec prudence…
- Pour moi, l’espérance, c’est la joie, le bonheur, les rires.
- Pour moi, c’est avoir un bon métier (=qui paye bien) et surtout une famille, être en bonne santé et HEUREUX.
- Avoir confiance en moi, en mon avenir, et en l’homme en général afin de construire un bel avenir.
- Pour moi, c’est avoir foi en Dieu et en soi.
- Dans ma vie, l’espérance est toujours présente. Il faut espérer. Quand on veut, on peut ! Il suffit d’espérer assez fort.
- Toujours avoir de l’espoir ! L’espoir fait vivre.
- Moi je n’ai rien à espérer : j’ai une bonne vie !
- Il faut espérer : ça ne tombe pas du ciel !
Mon espérance c’est de vivre au jour le jour
J’écris ces lignes en pleine semaine du bac. Sur Facebook, beaucoup d’élèves de terminale me confiaient leurs angoisses, à l’approche de l’examen. Certains se voyaient déjà redoubler alors que les épreuves n’avaient pas commencé.
Plusieurs m’ont demandé de prier pour eux, même des musulmans, tout simplement parce qu’ils n’ont pas confiance en eux. Non pas pour qu’ils réussissent, mais pour qu’ils soient accompagnés. Je crois à la « communion des saints », alors je m’exécute volontiers !
Par les temps qui courent, l’espérance est un luxe, si elle ne s’accompagne pas d’une action sans relâche. Par exemple, depuis quelques mois, les lycéens se sont mis en chasse, pour un boulot d’été. Certains, ayant des « relations » le décrochent très vite. D’autres s’entendent dire « on vous rappellera » ! Parmi les plus dynamiques, je tiens à citer les jeunes africains, qui se remuent, et trouvent assez vite un emploi, parfois à n’importe quel prix ! Nos jeunes européens, habitués trop longtemps au confort, sont mal entraînés à ce genre de sport. Espérer quoi, quand on a tout ?
« Mon espérance, c’est de vivre au jour le jour »
clamait un jeune de 3e.
La misère me paraît plus criante chez les jeunes collégiens de 6e-5e. Portable en mains, souvent ils ne vous écoutent que « d’un œil ». « Tu veux pas essayer de vendre un carnet de tombola, pour la fête de l’aumônerie ? – On gagne quoi ? – Un disque dur externe, un … – Bof, j’en ai déjà 2 ! ». Point final ! C’est non !
Dieu merci, dès qu’on arrive en 4e-3e, une incroyable soif de relations se manifeste avec frénésie : on se regroupe, on fait des équipes, on parle de tout et de rien … pourvu qu’on soit ensemble ! Les engins numériques ne leur suffisent plus : ils veulent du concret ! Ras-le-bol du virtuel ! (Bien sûr, c’est moi qui traduis… ils n’en sont pas encore aux « autodafés »).
Eh bien, moi, ça me rassure, sur la nature de l’homme créé à l’image de Dieu, quel qu’il soit, mais invité à lui ressembler. On ne peut lui ressembler chacun dans son coin : il faut se confronter aux autres, pour mieux le connaître, pour mieux se connaître ! Dieu est Trinité, Dieu est relation, Dieu n’est qu’Amour ! « Le christianisme n’est pas une religion, c’est une relation » (Patrick Fontaine).
Aumônier au collège-lycée public Honoré d’Urfé à Saint-Etienne