Pourquoi parler de bienveillance en éducation, maintenant, alors que les projets éducatifs de nos établissements catholiques sont pleins de termes qui s’y réfèrent : écoute, accompagnement, dialogue, sens de l’autre ?
D’abord parce qu’il y a souvent un fossé entre les bonnes intentions de nos chartes et la réalité quotidienne, beaucoup plus dure que ce qu’elle peut apparaître aux concepteurs de nos projets… Et qu’il est toujours important de se rappeler néanmoins qu’on « attrape plus de mouches avec une cuillerée de miel qu’avec un tonneau de vinaigre », même si la bienveillance demande parfois un énorme renoncement à soi-même !
Ensuite parce que tous les rapports sur l’état de l’école montrent que nos enfants ne sont pas heureux comme ils devraient l’être dans leur établissement scolaire… Attention, nous ne voulons pas stigmatiser les enseignants et les éducateurs en les rendent seuls responsables de cette situation ! Impolitesses, incivilités et violences en tout genre sont souvent des importations dans le milieu scolaire des difficultés rencontrées à l’extérieur. Mais les enquêtes sont néanmoins là :
- pour le rapport PISA (1) 2013 : 45 % des élèves français se sentent « à leur place » à l’école, contre 81 % des élèves en moyenne dans les pays de l’OCDE ; les élèves français sont tendus, stressés pour faire leurs devoirs (53 % en France contre 7 % en Finlande), et ils ont peur de la note (75 %).
- dans le baromètre AFEV (2) 2011 (avis recueillis auprès de 750 élèves de l’élémentaire au collège, de quartiers populaires) : 41% des élèves disent avoir peur de se tromper et 49 % ont le sentiment de ne pas pouvoir y arriver… (3)
Et enfin parce que cette approche de l’éducation par la bienveillance, que l’on croyait réservée à nos projets éducatifs, s’installe en force dans les textes de l’éducation nationale ! Lors de la consultation de l’été 2012, ont été mises en évidence, « l’impasse d’une école élitiste et sélective (gâchis social et humain), le rôle néfaste d’une évaluation systématique visant le contrôle de conformité (qui paralyse au lieu d’inciter au progrès) ; et donc, la nécessité de renverser les façons de voir et les manières de faire » (3)
Il faut s’en réjouir… Mais en même temps amplifier encore plus notre attachement à cette dimension globale de notre mission…
(1) Le programme PISA « Program for International Student Assessment » en anglais, et pour « Programme international pour le suivi des acquis des élèves » en français).
(2) AFEV : Association de la fondation étudiante pour la ville.
(3) Assises de l’éducation – Saint-Etienne-du-Rouvray - 20 novembre 2013/INSA de Rouen
Ce dossier présente le sujet de la bienveillance en éducation, avec quatre exemples pris dans les établissements scolaires de notre réseau. Les trois dernières pages situent le sujet dans le contexte plus large de notre société, où la bienveillance devient là aussi un impératif de plus en plus important.
Articles de ce dossier :
- Ils l’ont dit !
- Exercer la bienveillance en classe
- Le conseil de classe : une étape du processus de valorisation du jeune
- La bienveillance au quotidien
- La bienveillance à l’œuvre avec une enseignante spécialisée
- Et aussi dans les pratiques d’évaluation
- Notation et évaluation
- Trois grands pédagogues bienveillants
- Quelques éléments de l’histoire récente
- La bienveillance dans notre société ?
- Rencontre avec un médecin généraliste
- Application du principe de bienveillance par un fonctionnaire d’autorité
- Pour aller plus loin : la bienveillance dans les livres