Vue d’ensemble sur Madagascar

Pour mieux connaître cette grande île de l’Océan indien

Madagascar, île au large de l’Océan indien, est séparée du continent africain par le Canal de Mozambique. Elle a une superficie de 600 000 km2. Sa population, assez jeune, compte 20 millions d’habitants dont plus de 80% en rural. Le Produit National Brut par habitant s’élève à 420 Dollars US (2008).

Dans un centre de soins à Madagascar

Son économie repose sur la diversité environnementale dont bénéficie le pays qui représente 10% de la biodiversité mondiale.

Madagascar est la 6e destination touristique, compte tenu de cette richesse en biodiversité et de son hospitalité légendaire.

À cela s’ajoute l’industrie active des pierres précieuses : saphir, rubis… et depuis 2009 l’exploitation d’ilménites (minerais de titanes) et de nickel cobalt. L’île est riche en ressources forestières, près de 10 millions d’hectares de forêts produisent des essences qui s’exportent à prix d’or (palissandre, ébène, bois de rose…). Ses 5 000 km de littoral ouvrent sur une grande activité de pêche : chaque année 300 000 tonnes de poissons, crabes, crevettes, huîtres, … sont destinés à l’exportation.
La richesse de l’île, ce sont donc ses ressources naturelles.

Production importante de litchis sur la côte Est

VIE POLITIQUE

Depuis son indépendance en 1960, Madagascar a connu 4 périodes-clés. Chaque période correspond à une république, et le passage d’une république à l’autre a toujours été occasionné par un soulèvement populaire plus ou moins suivi par la majorité (1972, 1991, 2002, 2009).

L’évènement de janvier–février 2009 est le résultat conjugué de dérives autoritaires et économiques du Président sortant Marc RAVALOMANANA. En effet, la gestion des affaires est de plus en plus critiquée, et la déception de la population est à la mesure des espoirs que son accession au pouvoir avait suscitée en 2002. Vie politique verrouillée, terreau favorable à une révolte populaire, climat de défiance généralisée, tout cela conduit à la chute du Président.

Méthode traditionnelle de préparation des rizières

Après 2 mois de crise, le 17 mars 2009, le Président transfère ses pouvoirs à un Directoire militaire qui les cède lui-même à Andry RAJOELINA, ex-Maire de la capitale, leader de la grève, Place du 13 mai. Aussitôt, ce dernier suspend le Parlement.
La communauté internationale déplore le changement de régime fait hors du cadre constitutionnel.

DÉVELOPPER L’ÉCONOMIE

Sur le plan économique, après les années socialistes (1975–1988), une amorce de libéralisation de l’économie est enregistrée.
Cette ouverture s’est poursuivie jusqu’à nos jours et s’est traduite par un désengagement de l’État afin de consacrer ses efforts dans les secteurs sociaux (éducation, santé, sécurité…). Les efforts sont faits pour améliorer le tissu industriel afin de rivaliser avec les pays exportateurs : nouveau port à Fort-Dauphin, modernisation du port de Tamatave et de l’ensemble des procédures douanières, première liaison Internet par câble sous-marin, projets d’exploration de gisements de bauxite, fer et charbon, et enfin les premiers résultats de la prospection pétrolière confirmant la présence de pétrole brut à Bemolanga.

Grande variété de fruits

INCIDENCES CLIMATIQUES

En dépit des facteurs positifs qui peuvent relancer l’économie de Madagascar, les aléas climatiques (cyclones, sècheresse…) pèsent sans nul doute sur la croissance du pays et appauvrissent les régions enclavées les plus sensibles à ces phénomènes. À cela s’ajoutent des problèmes environnementaux majeurs : la dégradation des sols et la déforestation qui compromettent la conservation de la biodiversité. Aujourd’hui, le contexte économique est compromis par la crise politique qui dure. Il est marqué par le ralentissement des grands projets miniers, l’attentisme des « nouveaux investisseurs », la forte baisse des activités exportatrices, l’effondrement du secteur touristique, la chute des revenus fiscaux et douaniers et le recul sensible de la consommation intérieure.

ÉDUCATION ET SOCIÉTÉ

Sur le plan social, en 2007, 66% de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. La pauvreté est surtout un phénomène rural quelle que soit la province. Antsiranana et Antananarivo enregistrent les taux de pauvreté les plus bas. Antsiranana profite notamment des recettes des exportations, en particulier la vanille. À Antananarivo, il y a une diversité des activités et l’implantation d’entreprises telles les zones franches. Le taux de chômage est plus élevé dans la capitale compte-tenu de son caractère spécifiquement urbain.

Le système éducatif souffre d’un faible degré de persévérance en cours du cycle expliquant les faibles taux d’accès aux cycles supérieurs. Au niveau primaire, un enfant sur deux qui commence l’école ne termine pas le cycle. Au niveau du collège, le taux d’accès s’élève à 39% et la persévérance se montre aussi critique car environ 4 élèves sur 10 abandonnent l’école en cours de cycle. Au niveau du lycée, le taux d’accès atteint 10% mais seulement un élève sur 6 abandonne en cours de cursus.

L’abandon touche les enfants issus des familles pauvres, ce qui fait que la quasi-totalité des étudiants de l’enseignement supérieur provient de la couche la plus riche de la population.

En 2007-2008, à ce niveau, le taux d’abandon s’élevait à 36,8% à la fin de la première année dans les filières longues des universités publiques.
Il faut noter que le réseau de l’enseignement catholique demeure depuis toujours la pépinière de l’élite nationale.

Artisanat local

SUR LE PLAN DE LA SANTÉ

Des progrès significatifs ont été enregistrés concernant l’accès au service de santé car près de 70% des communes disposent d’un centre de santé pour les soins primaires. Mais l’absence d’un système de protection sociale limite l’accès financier aux soins de référence des plus vulnérables au niveau des hôpitaux, en dépit des fonds d’équité mis à leur disposition. Les effets positifs de cette amélioration se sont traduits en particulier par une espérance de vie plus élevée estimée à 60 ans et une baisse de la mortalité des enfants de moins de 5 ans à 106 pour mille au cours de ces dernières années.

CROIRE EN L’AVENIR

En conclusion, Madagascar est un pays doté de ressources naturelles et humaines en abondance mais il est loin d’avoir réalisé son potentiel. L’espoir est pourtant à la hauteur de l’enjeu. Il faudrait que notre pays arrive à se surpasser lui même en instaurant une politique plus cohérente afin de réussir à émerger de cette pauvreté.

Henriette RATSIMBAZAFIMAHEFA
Ancienne élève, collège St Jo Antsirabé (1967-1970)
Professeur Titulaire, Faculté de Médecine d’Antananarivo
paru dans Présence Mariste N° 268, juillet 2011

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