Il y a parmi eux le Frère Alphonse Willig, de la Province de l’Hermitage, mais qui a largement dépassé les 80 ans. Le Frère Giovanni Maria Bigotto fait bien partie de la Province, mais il est en service hors de la Province depuis 1993 : Nairobi, puis Rome.
Le Frère Patrick Betkou est le premier Frère malgache à partir pour ce que l’on appelle
Tout ceci nous dit que pour Madagascar ce n’est plus le temps des missionnaires, mais c’est le temps où les Frères Malgaches peuvent partir en mission. La graine mariste semée en 1912 a porté son fruit.

Les débuts héroïques
Les annales racontent que les deux premiers Frères Maristes, André-Frédéric et Gamaliel, venant de la Province de Syrie, arrivent à Betafo le 17 janvier 1912. Ils étaient partis par bateau de Marseille le 30 novembre 1911. L’année suivante se joignait à eux le Frère Brieuc qui jouera un grand rôle dans ces premières années de la fondation. Betafo, qui alors était la capitale de la région appelée le Vakinankaratra, connaîtra l’ouverture de la première école des Frères Maristes avec 300 élèves. Il faut dire que la colonisation française était encore dans ses premières années, ce qui suppose pour les premiers Frères une vie bien austère.
Les Frères se sont tout de suite préoccupés des vocations locales. En 1915, ils accueillaient le premier postulant Prosper Rakoto, venant du Betsileo. Il est envoyé au noviciat de Bairo (Turin-Italie) où il arrive le 3 janvier 1917, le lendemain du centenaire de la fondation. Mais il mourra le 9 mars 1918 de la fièvre espagnole.
En 1920, notre mission reçoit un renfort de 5 Frères et parmi eux le Frère Bonus, qui sera longtemps le supérieur de la mission. Cela permet l’ouverture de deux écoles à Antsirabe, ville nouvelle, européenne, et qui allait supplanter Betafo comme capitale du Vakinankaratra.

Les deux écoles nouvellement ouvertes sont l’École Immaculée Conception, accueillant surtout des Malgaches et le Collège Saint-Joseph, pour les enfants des colons.
Aujourd’hui, 2011, ces deux écoles sont fréquentées par des enfants malgaches d’une ville qui est passée de 18 000 habitants à plus d’un demi-million. Les deux écoles comptent chacune près de 1 800 élèves ; l’Immaculée conduit les étudiants jusqu’en classe de 3e et le Collège Saint-Joseph va jusqu’en Terminale. Les noms des deux écoles ont changé pour s’appeler Collège de l’Immaculée et Lycée Saint-Joseph.
Après la seconde guerre mondiale
Les fondations vont se multiplier, les Frères malgaches devenant plus nombreux et formés.
En 1951, les Frères ouvrent une école à Diego-Suarez (Antsiranana). Les débuts sont modestes : 90 élèves. Aujourd’hui l’école compte une section primaire, une du premier cycle et une du second cycle du secondaire. Avec ses 2 200, élèves elle est la plus grosse œuvre des Frères Maristes à Madagascar.
La capitale, Antananarivo, nous voit arriver en 1957, dans le quartier d’Isotry-Anatihazo. Dans les années de la fondation c’était un quartier périphérique vraiment pauvre. Encore aujourd’hui, quand on marche dans les rues d’Anatihazo, la pauvreté est évidente, bien que l’expansion de la capitale ait fait que ce ne soit plus une zone marginale. Au moment de la fondation, et pendant un certain nombre d’années, nous avions deux écoles : une près de l’église d’Isotry, l’autre dans la nouvelle paroisse d’Anatihazo. Aujourd’hui, nous ne dirigeons que celle d’Anatihazo qui compte près de 1 600 élèves : primaire et premier cycle.
Le 3 Avril 1959, le secteur mariste de Madagascar qui faisait partie de la Province de Varennes-sur-Allier (France) devient un district autonome ; et en 1973, il sera érigé en Province.
En 1960, le noviciat se transfère à Fianarantsoa et l’année suivante nous prenons la responsabilité de l’École primaire Saint-Charles. Cette école aujourd’hui compte près de 1 000 élèves. Fianarantsoa va rester longtemps un centre de formation mariste : postulants, novices, scolastiques, et maintenant centre de formation des pré-postulants.
En 1976, les Frères se retirent de Betafo (École-St Louis et lieu de fondation).
En 1986, nous prenons la route du Sud pour ouvrir le Lycée Saint-Pierre-Chanel à Ihosy, puis en 1992, encore plus au Sud à Betroka.
Le lycée Saint-Pierre-Chanel de Ihosy jouit d’une très bonne renommée et accueille 1 200 élèves. Celui de Betroka, avec 400 élèves, cherche encore sa vitesse de croisière.
Avant tout, une mission d’éducation
Ainsi, les Frères Maristes scolarisent près de 10 000 jeunes Malgaches. Toutes ces écoles se caractérisent par cette ambiance de famille, cœur de la pédagogie mariste. Les Frères responsables sont attentifs à renouveler et agrandir les bâtiments, à s’ouvrir à de nouvelles branches de l’enseignement : informatique, comptabilité…

Puis, dans toutes ces écoles fleurissent des activités parascolaires : scoutisme, majorettes, karaté, cours de musique, de dessin, de coupe et couture… qui vont de pair avec les sports les plus classiques : football, basket, volley…
Notre mission à Madagascar a aussi essayé de s’ouvrir à la tribu des Bara, tribu nomade, réfractaire à l’éducation quand elle était riche de troupeaux. C’est le Frère Tiana Richard qui a fondé beaucoup de petites écoles chez les Bara. Ces petites écoles signifiaient creusement d’un puits pour avoir de l’eau pour les élèves et le petit village, ouverture d’un dispensaire et aussi formation des mamans pour la santé des enfants et de la famille.
C’est un effort d’éducation totale qui ouvre aux enfants Bara l’avenir, car les bœufs ont perdu de leur valeur et sont constamment la visée des pilleurs.
Tournés vers l’avenir…
Ajoutons que la formation des jeunes Malgaches qui souhaitent être Frères se fait maintenant hors de Madagascar : les novices sont formés à Save, au Rwanda ; les scolastiques reçoivent une formation universitaire à Nairobi dans le centre du MIC [1].
Au contact des Frères des autres pays d’Afrique ils gagnent en expérience internationale et forment une grande famille avec tous les jeunes Frères maristes d’Afrique.
Frère Jean Marie BIGOTTO
Paru dans Présence Mariste N° 268, juillet 2011