Le Cheylard : l’Institution St-Louis (1964)

L’histoire de cette institution de 1840 à 1964. (« Voyages et Missions » n°82, juillet 1964)

Le Cheylard-en-Vivarais (480 m d’altitude), sur la Borne près de son confluent avec l’Eyrieux, est une coquette cité ardéchoise de la région des Bouttières qui s’appuie au sud-sud-est sur le Gerbier de Joncs et le Mézenc.

Bâtie dans la vallée au pied des ruines de Rochebonne, elle reste un centre intéressant d’excursions dans les environs (Eglise de Mariac, la Roche Chevillère) dans ce chaos invraisemblable de montagnes, de vallées enchevêtrées dominées de haut par des ruines séculaires, elle attire immédiatement et retient le visiteur. Les pêcheurs, dit-on, y ont leur paradis…

Une histoire est riche de tous les dévouements
qui s’y sont épanoui.

C’est dans ce bourg caché que s’élève, construite par les Frères, une grande bâtisse scolaire, orgueil de la paroisse et de la cité. Si la construction n’est pas centenaire encore, son histoire est riche de tous les dévouements qui s’y sont épanoui. Les lignes suivantes n’en sont qu’une bien pâle esquisse…

L’histoire de cette institution qui actuellement connaît un étonnant accroissement, plonge ses racines dans des faits peu connus de nos lecteurs et des Anciens Elèves Maristes.

Il s’agit des premières années qui suivirent la mort du Père Champagnat en 1840 à 51 ans. Bien des personnes doutèrent alors de l’avenir de l’Institut qu’il avait fondé. Frère François, nommé supérieur à 31 ans paraissait bien jeune ; pourrait-il remplir sa lourde charge ? Les Frères accepteraient-ils son autorité ? L’Institut avait-il des règles suffisamment établies et un gouvernement assez fort pour continuer à se développer ?…

Telles étaient les questions et d’autres semblables que l’on se posait et que le temps a résolues d’une manière si honorable pour les Frères. Ces derniers, en effet, pleins d’estime et de respect pour le supérieur qu’ils s’étaient choisi, lui accordèrent toute leur confiance et chacun mit tous ses soins à s’appliquer avec zèle à sa perfection et à remplir au mieux son emploi. D’autre part, on put se rendre compte que le nouvel ordre de choses n’apportait aucun changement dans l’administration et que le Père Champagnat vivait et agissait dans le Frère François.

De nouvelles écoles continuaient à se fonder par suite de l’afflux des postulants. En 1842 survint la fusion des Frères Maristes avec les Frères de St-Paul-Trois-Châteaux, puis en 1844 avec celle des Frères de l’Institution Chrétienne de Viviers. Ces deux fusions déjà amorcées du temps du Bienheureux Père montraient une fois de plus, si c’était nécessaire, qu’il y avait bien continuité dans le nouveau gouvernement.

L’Ecole fut ouverte le 1er avril 1840

Justement en 1840, M. Vernet, Vicaire Général de Viviers, fondateur des Frères de l’Institution Chrétienne, avait envoyé trois Frères à M. Maniouloux, curé du Cheylard qui en avait fait la demande.
Celui-ci s’était d’abord adressé dans le même but et sans succès aux Frères des Ecoles Chrétiennes puis au Bienheureux Champagnat. Le Bienheureux ne put lui en donner, soit à cause du manque de Frères, soit peut-être à cause de la querelle que l’évêché de Viviers lui avait cherchée deux ans auparavant. L’Ecole fut ouverte le 1er avril 1840, sous la direction de Frère Alphonse.
Quand en 1844 la Congrégation des Frères de Viviers se fondit avec celle des Frères Maristes, ce fut, pour l’école du Cheylard le début d’une ère de prospérité.

M. Adrien Dumas, en religion Frère Symilien

Le 1er octobre 1877, arrivait au Cheylard, M. Adrien Dumas, en religion, Frère Symilien, qui devait tenir une grande place dans les destinées de l’école. Elle comptait alors, au moins en hiver, près de 280 élèves, dont 70 à 80 pensionnaires, et elle restera communale jusqu’au 1er octobre 1884, date de sa laïcisation.

Grâce à la générosité des paroissiens qui firent aménager, prêtèrent ou louèrent les bâtiments nécessaires aux classes et aux logements des maîtres et des élèves, l’établissement rouvrit comme école libre et fonctionna comme auparavant : internat et externat jusqu’en 1903.

La nouvelle école, avenue de Chabannes

Entre temps, M. Roure, curé du Cheylard, affligé de la dispersion des bâtiments d’école et de pension, songeait à rassembler maîtres et élèves dans une seule construction. Il acheta donc en 1893, avenue de Chabannes, tout le terrain nécessaire au nouvel immeuble. Les Frères Symilien et Philogone furent les architectes de la magnifique bâtisse scolaire fièrement dressée encore à l’heure actuelle.

Aidé d’excellents et nombreux collaborateurs, Frère Symilien qui dirigea l’école jusqu’en 1898, donna à l’Institution St-Louis le « maximum de prospérité ». On y préparait au Brevet Elémentaire et on y formait des chrétiens à forte trempe. Musicien aussi, Frère Symilien fonda la fanfare l’Indépendante dont le Président fut M. Fernand Lafont.

Vint la tempête de 1903 …

Sous la direction de Frère Jovien, successeur de Frère Symilien, l’école continua de prospérer. De 140 élèves en 1898, elle passa à 225 en 1901. A cette époque la communauté comptait 12 Frères avec 7 classes et l’établissement avait déjà donné 19 vocations ecclésiastiques, 34 Frères Maristes et 8 autres recrues pour diverses familles religieuses.

Vint la tempête de 1903, avec ex-propriation de bâtiments construits par des citoyens libres. Frère Symilien, à nouveau directeur, sous le nom de M. Dumas, installa 4 classes dans un immeuble à Jagornac et 2 classes au château de M. Raymond de Saléon qui déjà avait offert un abri aux Frères. Et on commença les démarches pour racheter (!…) l’immeuble de l’Institution St-Louis dont le terrain appartenait toujours à M. Roure.
Celui-ci fit valoir ses droits et le Tribunal Civil de Lyon lui donna raison le 20 avril 1905. Il racheta donc l’immeuble au liquidateur au prix fixé par le tribunal (24 962 Fr.) après entente avec le vrai propriétaire, l’Institut des Frères Maristes.

En 1927, l’école avait une cinquantaine de pensionnaires. Par suite de la crise du personnel enseignant, les Supérieurs durent fermer le pensionnat malgré les vives et instantes réclamations du Comité paroissial et de M. l’abbé Clauzier, curé du Cheylard depuis 1925. Enfin M. Clauzier racheta l’immeuble à M. Roure, régla les derniers comptes avec les Frères Maristes et constitua une Société Civile Immobilière, propriétaire de l’école avec ses cours et ses jardins.

Nouvel essor

Le pensionnat rouvrit par la suite et, après une période difficile, reprit son essor pour atteindre le chiffre de 90 internes. Avec ses 165 externes, l’école compte donc actuellement 255 élèves. Ils se répartissent en 4 classes du primaire et 4 classes également du Cours Complémentaire. Au point de vue légal les deux sections sont depuis 1960 sous contrat simple et le C.E.G. est habilité à recevoir des boursiers.

Continuant la tradition, les nombreux succès aux examens officiels (C.E.P. et B.E.P.C.) et religieux, les vocations sacerdotales et religieuses qui s’épanouissent valent à l’Institution une réputation bien méritée et l’estime de la population cheylaroise.

Le cours complémentaire qui avait 60 élèves en 1958 en a actuellement 125. Les pensionnaires au nombre de 60 la même année sont maintenant 90. Pour faire face à cette montée, un effort important d’aménagement des locaux a été amorcé. Il reste insuffisant. Il faudrait pouvoir occuper tout le bâtiment ; d’où la nécessité de construire une école de filles. Il faudrait de plus remettre à neuf le matériel scolaire, aménager un terrain de sports, installer le chauffage central, rénover cuisine, salle à manger et dortoirs. Est-ce réalisable ?

Et les Anciens Elèves ?

Oui, très probablement avec l’aide des Anciens Elèves. Une amicale fut timidement lancée en 1962. Immédiatement elle rassembla de nombreux Cheylarois et tous ceux que l’invitation put toucher. M. Plantier président nommé, et Frère Chomérac, directeur, s’attachèrent à les réunir et à lancer des activités. Toutes se réalisèrent dans un excellent esprit.

A la dernière assemblée générale du 5 mai 1963, sur 130 cotisants, une centaine étaient effectivement présents. On put rappeler des concours de belote et de lotos parfaitement réussis et on annonça une participation effective à l’amélioration des locaux de l’école et la création d’un service d’entraide pour les Anciens.

Ajoutons qu’un bulletin tiré à 500 exemplaires paraît en même temps que VOYAGES et MISSIONS et contient outre les nouvelles de l’école et de l’Amicale d’excellentes consignes amicalistes et d’Action Catholique. Bravo les Cheylarois !

(Publié dans « Voyages et Missions » n°82, juillet 1964)

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