"L’archevêque émérite d’Alger, Henri Teissier a quitté ce monde le 1er décembre 2020, dans sa 91e année.
Il a fallu que le poids de l’âge l’y contraigne pour qu’Henri Teissier se décide à quitter l’Algérie en 2018, au bout d’un parcours exceptionnel d’homme d’église au service de sa foi, d’une fidélité sans faille et d’un engagement fraternel généreux et bienfaisant pour le genre humain. Il est décédé hier à Lyon à l’âge de 91 ans. " (El Watan, journal algérien).
Henri Teissier est né à Lyon en 1929. Dès sa formation au séminaire, il commence à apprendre l’arabe et passe ensuite 2 ans au Caire pour se perfectionner. Il est nommé prêtre à Alger dans le quartier de Belcourt en 1958, c’est-à-dire avant l’indépendance.
Tout en ayant de nombreux chrétiens à s’occuper, il comprend ceci : « N’avons-nous rien à faire avec 99% de musulmans qui le resteront. Le Royaume ne se construit pas seulement là où l’on fait des baptisés, mais là où l’on travaille pour l’humanité ».
Il consacre sa thèse de doctorat en histoire à l’émir Abdelkader qui était à la recherche d’un dialogue islamo-chrétien.
En 1972, Henri Teissier devient évêque d’Oran, puis il succède au Cardinal Duval comme archevêque d’Alger en 1988.
Il cherche toujours un moyen de se mettre au service d’un pays qui est à la recherche d’une identité et d’un avenir politique.
UN ÉVÈNEMENT UNIQUE DONT IL EST L’ARTISAN
Il est plongé dans la tourmente de la violence islamique des années 90 – la décennie noire - qui fera des milliers de morts algériens et qui connaîtra aussi l’assassinat de 19 religieux et religieuses, entre 1994 et 1996.
Parmi eux, notre frère Henri Vergès. Ces 19 témoins ont eu la joie de la béatification en terre algérienne, le 8 décembre 2018. Ce pasteur au grand cœur était en quelque sorte le 20e bienheureux. Car il a décidé de rester en Algérie afin de témoigner de la force de l’amitié entre les croyants de quelque religion qu’ils soient. Son rôle a été important pour la préparation du dossier de sanctification des religieux et une cérémonie de béatification à Oran.
Pour la première fois, une béatification se déroule dans un pays très majoritairement musulman. Tout est organisé avec le soutien des autorités algériennes, les représentants des autorités civiles, des familles des martyrs et des quatre diocèses de l’Église catholique en Algérie, ainsi que de nombreux Algériens.
Elle réunit dans un même hommage ces « milliers et milliers d’intellectuels, de journalistes, d’imams, de pères et de mères de famille », à qui une minute de silence a été dédiée en ouverture de la célébration. Pour cet homme au cœur de pasteur, et à la larme facile, la très belle célébration au sanctuaire de Santa-Cruz est un accomplissement, mais aussi une forme de guérison. Elle vient couronner une vie tout entière donnée à l’Église et à l’Algérie".
Après cela, il pouvait partir se reposer en France, quelques mois loin de pays de cœur, avant son dernier souffle à Lyon.