Annie G : Françoise, pouvez-vous m’expliquer ce qu’est l’AJCF ?


Françoise : Tout d’abord nous appartenons à la Fédération AJCF (Amitié Judéo Chrétienne France qui est née voici 70 ans.
C’est Une Fédération d’Associations locales régie par la Loi 1901. En 1941, l’historien Jules Isaac dénonçait dans son livre « Jésus et Israël » l’enseignement du mépris dont le judaïsme souffrait. Puis, en 1947, il invita à un enseignement de l’estime qu’il déclina avec plusieurs propositions à la Conférence internationale en Suisse qui a réuni 28 juifs, 23 protestants, 9 catholiques et 2 orthodoxes grecs. Ce furent les premiers pas et par la suite, le 26 février 1948 à Paris, un petit groupe de protestants, d’orthodoxes et de juifs jeta les bases de l’Amitié judéo-chrétienne de France.
AG : Compte tenu du passé de la ville de Vichy, comment est née cette association ?
Françoise : A la libération, quelques personnes des communautés catholiques et protestantes se sont mobilisées pour l’accueil des rescapés de la déportation et à partir de là s’est constitué de manière informelle un groupe de rencontre œcuménique et interreligieux. En 2004, suite à une Expo-Bible dans le hall des sources de Vichy, largement ouverte au public, le groupe AJC Vichy s’est formé comme groupe local.

AG : Comment vous êtes-vous fait reconnaître à Vichy ?
Françoise : Compte tenu de ce qui s’était passé à Vichy, notre association a fait un triple choix : elle s’est d’emblée située dans la continuité de l’amitié chrétienne. Elle a pris le nom de Jacob Kaplan en mémoire du Grand Rabbin de France des années sombres et enfin bien qu’ayant adhéré à la Fédération nationale, elle a pris la décision de déposer des statuts à la préfecture en 2004 afin d’affirmer sa présence dans la cité, et d’y apporter une meilleure visibilité.
AG : Qui compose votre bureau ?
Françoise : Notre groupe est composé de femmes et d’hommes de confession juive, orthodoxe, protestante et catholique. Le président est un prêtre ancien curé de Vichy qui a donné un élan important à ce groupe Il a été nommé par l’Evêque de Moulins, délégué diocésain pour les relations avec le judaïsme. Les vice-présidents sont une juive, un protestant et un orthodoxe. Nous nous réunissons une fois tous les deux mois tour à tour dans les locaux de la synagogue ou bien du temple ou du presbytère.

AG : Quelle est le but de votre association ?
Elle a pour tâche essentielle de faire en sorte qu’entre Judaïsme et Christianisme la connaissance, la compréhension, le respect et l’amitié se substituent aux malentendus séculaires et aux traditions d’hostilité.
AG : Quelles actions menez-vous ?
Françoise : Grâce à la stabilité des membres du Bureau, nous avons pu mettre en place localement un fonctionnement régulier de réunions à thème et d’événements ou de visites dans des lieux significatifs. Depuis 2013, l’année se termine par une conférence suivie d’un "Couscous des enfants d’Abraham » qui réunit jusqu’à cent cinquante personnes, jeunes et moins jeunes.
AG : Pour l’avenir qu’espérez-vous de ce dialogue entre juifs et chrétiens ?
Françoise : Le souci de notre association est qu’elle attend de chacun dans la conscience de ce qui distingue et de ce qui unit Juifs et Chrétiens et dans un total respect réciproque, une entière bonne volonté, « une totale loyauté d’esprit dans la recherche, l’étude des textes et traditions respectifs, en même temps qu’un rigoureux effort de vérité » (Statuts : art. 2, § 3).